Le terme « fausse nouvelle » désigne généralement
une information fausse, incomplète ou inexacte, mais
qui semble vraie. On peut les classer dans trois grandes catégories.
Une fausse information créée délibérément pour nuire à une personne, un groupe, une organisation ou un pays.
Une information qui se révèle fausse, mais pas créée dans l’intention de nuire.
Une information véridique à la base, mais sortie de son contexte, déformée ou amplifiée de manière à soutenir un propos dans l’objectif de nuire à une personne, un groupe, une organisation ou un pays.
Les fausses nouvelles n’ont évidemment pas été inventées
à l’heure des réseaux sociaux. On peut en trouver des exemples
à toutes les époques :
Les Romains manipulaient l’information pour justifier la persécution des chrétiens. Ils les accusaient notamment de se marier entre frère et sœur, et de s’adonner au cannibalisme lors de l’eucharistie.
Le général chinois Sun Tzu faisait l’apologie de la manipulation de l’information dans L’Art de la guerre. Il expliquait l’importance du contrôle de l’information dans le cadre d’un conflit.
Internet d’abord, puis l’arrivée des réseaux sociaux ont rendu la publication et le partage des informations plus faciles que jamais. Conçus afin de créer des liens entre les gens et de divertir, les médias sociaux sont devenus pour plusieurs la seule source à laquelle ils s’informent, non sans conséquence.
Régis par des algorithmes visant à garder l’attention des utilisateurs le plus longtemps, les médias sociaux contribuent à l’exacerbation de ce phénomène en diffusant des informations selon leur popularité ou les intérêts particuliers de chacun, sans souci pour leur véracité. Produite par les algorithmes en fonction de ce que l’utilisateur « aime » ou « partage », cette sélection expose chacun à une information personnalisée qui peut finir par l’enfermer dans une bulle informationnelle peu diversifiée et l’éloignant d’une réflexion critique et d’une analyse éclairée. L’histoire récente américaine illustre bien le rôle que les réseaux sociaux ont joué en matière de désinformation politique, par exemple.
Pour en savoir plus sur le rôle des algorithmes dans la désinformation, voyez cette infographie
Le président américain Barack Obama a été la cible de fausses nouvelles comme tous ses prédécesseurs. Toutefois, quand il est arrivé au pouvoir en 2008, les médias sociaux étaient en pleine ascension. Il est donc possible qu’ils aient contribué à la propagation et à la pérennité de la désinformation dont il a été l’objet. L’idée fausse selon laquelle il n’était pas né aux États-Unis, par exemple, continue de stimuler l’imaginaire d’une partie importante des citoyens, même si elle a souvent été démentie.
QAnon est un mouvement bien ancré dans l’ère des médias sociaux. Cette idée que nous serions gouvernés par une élite pédophile, satanique et cannibale n’aurait jamais pu prendre une telle ampleur sans l’efficacité des algorithmes. Ceux-ci ont permis aux « croyants » de ne lire et de n’écouter que des sources qui les confortent dans leurs vues. QAnon n’est pas une seule « fausse nouvelle » : c’est un réseau tentaculaire d’idées changeantes et évolutives, qui présente toutes les caractéristiques d’une théorie du complot.
Dès le début de sa campagne électorale, Donald Trump a utilisé abondamment les médias sociaux et s’est employé à discréditer les médias traditionnels. Répéter que les médias sont des « fake news » chaque fois qu’un reportage critique à son sujet était publié a contribué à entretenir un écosystème d’influenceurs et d’organisations politiques qui, dans les médias sociaux, confortait ses partisans dans leurs convictions. Peut-être même qu’il a empêché plusieurs d’entre eux d’aller chercher de l’information ailleurs.
Quelques mois après le début de la pandémie, en 2020, un organisme international rassemblant les médias spécialisés en vérification des faits recensait déjà plusieurs milliers de textes déboulonnant une fausse nouvelle autour de ce thème. Et ce n’était que la pointe de l’iceberg, car ces médias n’avaient le temps et les ressources que pour vérifier une partie de ce qui leur passait sous les yeux. L’Organisation mondiale de la santé a employé dès février 2020 le terme « infodémie », une épidémie de fausses nouvelles sur le coronavirus.
À l’évidence, la lutte aux fausses nouvelles ne se déroulera pas uniquement autour de l’information politique, comme plusieurs l’ont cru erronément dans la foulée de l’élection de Donald Trump et de la prise de conscience du pouvoir des « bulles de filtre » partisanes se formant sur les réseaux sociaux. L’information en science et en santé constitue aussi un champ de bataille, et les chercheurs en ont probablement pour des années à évaluer l’impact des fausses nouvelles sur le déroulement de cette pandémie.
Complément d'information
On estime que 90% des Canadiens sont déjà tombés dans le panneau d’une fausse nouvelle. Et un grand nombre de personnes en ont aussi involontairement partagé. Voici quelques explications pour comprendre le phénomène :
Jadis, on s’informait dans un journal de papier (ou à la radio et à la télévision). On connaissait ce média, on y était abonné. Et si on achetait un journal à potins, on savait qu’il s’agissait d’un journal pour se divertir. Sur le web et les réseaux sociaux, tout est mis sur un pied d’égalité : information vérifiée, fausses nouvelles et satires finissent par se ressembler. Par conséquent, il est plus difficile qu’avant de distinguer les nouvelles fiables des autres.
Nous avons tous des biais cognitifs, c’est-à-dire que nous empruntons tous des raccourcis mentaux pour trier l’information que nous consommons au quotidien. Par exemple, nous avons tendance à croire plus facilement les informations qui confirment nos croyances ou encore celles partagées par des gens en qui nous avons confiance.
Les fausses nouvelles voyagent plus vite que les vraies, car elles misent sur l’émotion. Ceux qui créent de la désinformation savent que nous sommes plus prompts à aimer ou à partager une information sans la vérifier sous le coup d’une émotion forte (colère, surprise, peur, etc.).
Devant la surabondance d’informations, il est plus important que jamais de développer un esprit critique permettant de repérer les fausses nouvelles. Outiller le public, avec les méthodes développées par les journalistes, est au cœur de la mission du CQÉMI. Vous pouvez consulter sur ce site nos nombreux articles thématiques à cet effet. Vérifier la véracité d’une nouvelle peut, pour un journaliste, nécessiter des heures, voire des jours de travail.
Mais même pour la personne qui a peu de temps, il existe des réflexes de base qui peuvent limiter la dissémination de plusieurs fausses nouvelles. Ces réflexes sont au cœur de la formation #30secondes avant d’y croire.
La toute première action à prendre est bien
simple : ne jamais partager une nouvelle ou
une vidéo qu’on n’a pas lue ou écoutée!
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