« Comment développer l’esprit critique des jeunes et du grand public face à l’IA? » C’est la question à laquelle trois experts ont tenté de répondre lors de la table ronde, organisée le 18 octobre par le CQÉMI dans le cadre du colloque tenu à l’UQAM.
D'entrée de jeu, la conseillère pédagogique au RÉCIT Annie Turbide suggère que l’intelligence artificielle générative (IAG) n’est pas une technologie bien comprise chez les jeunes. Les connaissances numériques « des jeunes sont très hétérogènes, et influencées par leur milieu socio-économique, par les établissements qu’ils fréquentent, par les projets qui leur sont présentés et par les outils qu’ils utilisent. »
Cependant, les élèves sont très intrigués par les possibilités de l’IAG, avance Simon Duguay, enseignant à l’école Rochebelle. Il rapporte qu’ils en font des usages créatifs, notamment en demandant à des outils d’IAG de les aider à contrer une panne d’inspiration et à les accompagner dans leurs apprentissages musicaux. « Des élèves en font des usages vraiment intéressants, avant même une intervention en classe pour en parler. »
Enjeux de l’IA en éducation
Les experts notent l’importance de réfléchir aux impacts des IAG à l’école : les méthodes pour évaluer les compétences des élèves, l’intégrité académique, la définition du plagiat….
Simon Duguay rappelle aussi que les professeurs ont besoin d’un temps d’adaptation pour bien comprendre et enseigner les avancées rapides en IA : « Ça va prendre de la formation pour les enseignants et pour tous les professionnels de l’éducation. » Et il y a un manque au niveau des formations pour les profs.
Esprit critique
Le cours Culture et citoyenneté québécoise, qui sera obligatoire pour tous les élèves du primaire et du secondaire dès septembre 2024, a parmi ses objectifs le développement de l’esprit critique. Dès l’âge de 8 ans, les élèves verront des stratégies afin de juger de la fiabilité d’une information. « On va placer des bases de plus en plus jeunes pour leur permettre de comprendre le monde dans lequel ils vivent et de mieux l’interpréter », ajoute Annie Turbide. Au secondaire, il y a sera entre autres question de l’intelligence artificielle.
Au-delà du cadre scolaire, l’évolution de l’IA et la méconnaissance générale de cette technologie requièrent dès maintenant « des espaces d’expérimentation, des endroits où on peut se tromper », met en évidence la réalisatrice à Radio-Canada Chloé Sondervorst. « Il y a un besoin à l’externe de s’ouvrir, de voir quels ponts peuvent être construits entre les médias et le milieu de l’éducation pour avancer ensemble là-dedans et révéler ces défis qui touchent le cœur de la démocratie. »
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La table ronde « L’intelligence artificielle : atout ou défi pour l’éducation aux médias et à l’information? » a eu lieu lors du colloque international Éducation aux médias et à l’information (ÉMI), organisé par le programme de baccalauréat en communication (journalisme) de l’École des médias, avec l’appui de la Faculté de communication.
Pour écouter ou réécouter la table ronde : https://www.youtube.com/watch?v=Ahs_a3g9odM&list=PLHc7NEFt5Qw7NPgr3y_anfvI-TisYKRoE&index=19&ab_channel=Facult%C3%A9decommunicationUQAM